Comment implorer Allah, exalté soit-Il, de nous pardonner nos péchés et nos erreurs ? Le législateur a, en effet, autorisé toute personne majeur "à ajouter à son nom, à titre d'usage, le nom de celui de ses parents qui ne lui a pas transmis le sien". Le mari n’a rien qui lui donne le droit de donner son nom à sa femme tout en conservant, lui, celui de son propre père ! La détermination de ce délai est induite de l’embryogenèse de la tradition islamique exposée dans le Coran (XXII, 5 et XXIII, 12-14) et dans la Sunna, où elle est divisée en étapes de quarante jours, passant par le nutfâ (goutte de sperme), l’‛alaqa (caillot de sang) et le mudgha (morceau de chair)39. 67En 1985, afin de modifier cette représentation, l’Islamic Organisation for Medical Sciences, basée au Koweït, affirmait que la mort cérébrale n’était pas en contradiction avec les préceptes de l’islam. 52Concernant la contraception en islam, la Sunna rapporte que les compagnons du Prophète utilisaient le coït interrompu (‘azl) sans que celui-ci s’y soit opposé. Nous avons montré par ailleurs que l’examen des positions des juristes musulmans en ce domaine ne témoigne d’aucune grande innovation du point de vue de la filiation, mais que ces positions s’inscrivent dans les représentations musulmanes traditionnelles de la filiation41. Cet avis juridique est à l’opposé de celui donné par un juriste égyptien non moins médiatique de la fin des années 1980, le shaykh ash-Sha’arâwî, qui déclarait que le corps humain appartenant à Dieu, l’individu ne pouvait donner ce qu’il ne possédait pas (Sherine Hamdy). 41En effet, d’après le droit musulman, le principe selon lequel la paternité d’un enfant revient au mari de la mère est irrécusable, quels que soient les arguments invoqués, y compris un argument qui s’apparente à celui de la nature, l’argument de la dissemblance de l’enfant avec son père ; comme le remarque Louis Milliot33, commentateur avisé du droit musulman : « En toute autre hypothèse, le mari de la mère est le père de l’enfant, même si l’enfant de parents blancs est nègre, parce que ce peut être par un retour d’hérédité (al-‛irk nazzâ‛) ; même s’il ressemble, d’une manière frappante, à quelqu’un désigné par le père ; même si le mari vient affirmer, sous la foi du serment, qu’il a cessé toute relation sexuelle avec sa femme, bien qu’ayant continué à habiter avec elle ». Fortier (Corinne), 2001, « "Le lait, le sperme, le dos. Le mythe des 40 jours vient des traditions de l'Égypte ancienne où les Égyptiens tenaient 40 jours juste pour sécher le corps et le momifier ensuite. Or, ces ouvrages donnent souvent une vision étriquée du statut des femmes, beaucoup plusrégressive que les textes de droit musulmans anciens qui sont sur ce pointplussubtils et complexes. Furthermore, legislative reforms connected to «adoption», medically assistedprocreation, denial or recognition of paternity, use of genetic tests, illustrate the relation of biological and social in the determination of filiation in Islam. Cette autorisation est aussi motivée par le fait que la sexualité conjugale n’a pas nécessairement une fin procréative en islam comme c’est le cas dansune certaine conception catholique, mais peut aussi avoir une fin hédoniste. Ce principe juridique accorde une relative souplesse d’interprétation par rapport à la lettre de la loi en permettant au croyant d’avoir recours à des actes prohibés au nom de la nécessité. 51De nombreux pays musulmans ont adopté rapidement les techniques médicales développées en Occident, c’est le cas en particulier du Maroc, de la Tunisie, de l’Égypte, de la Jordanie, du Liban, de l’Arabie Saoudite, du Qatar, et d’Oman. 36L’interdit de la parenté adoptive en islam témoigne de l’impossibilité de penser une filiation sociale qui ne serait pas fondée sur le biologique. 30Le cou (raqaba), dans le droit musulman, est l’équivalent de la main (manus) dans le droit romain qui désigne le droit de tutelle exercé sur les femmes, d’où l’expression française : « Demander la main d’une femme » qui a pour équivalent en arabe « demander le cou d’une femme ». 18D’autre part, bien que cela soit peu connu, le droit musulman classique autorise les femmes à introduire dans leur contrat de mariage une clause (shart) qui leur permet de divorcer au cas où leur mari prendrait une deuxième épouse. Le droit musulman n’est pas homogène, variant selon les rites (mâdhâhib), en particulier sunnite et shiite, le sunnisme étant lui-même divisé en plusieurs rites qui sont assez similaires malgré quelques « petites différences ». L’anglais et les cultures : carrefour ou frontières ? 3En outre, le fait que des membres des populations civiles en Afghanistan, en Iraq et en Palestine aient été tués au nom d’une cause prétendue juste et démocratique qui se réclame des droits de l’homme, ont amené certainsmusulmansà ne plus croire en ces valeurs universalistes et à se tourner vers des valeurs religieuses qui incarnent une résistance à ce qui est parfois vécu comme une hégémonie et une ingérence de pays occidentaux. Cette autorisation s’explique dans la mesure où il n’y a pas d’adultère (zinâ) puisque les deux femmes sont unies légalement au même homme, et dans la mesure où il n’y a pas de problème eu égard à la filiation paternelle de l’enfant qui revient au mari commun des deux femmes. Il suffit de lire attentivement la seule sourate du Coran (XXXIII, 4) consacrée à l’adoption (tabannî) : « Dieu ne loge pas deux cœurs au dedans de l’homme [...] non plus qu’il ne fait un fils de ceux que vous adoptez »27, pour constater qu’on y parle bien d’une forme d’adoption mais qui est clairement opposée à la filiation28. 36 De même qu’ils peuvent être utilisés pour prouver la culpabilité d’un individu dans des affaires pénales. Cheikh Bakr Abou Zayd (Puisse Allah le préserver) a dit : « Ceci fait partie des secrets de la législation. Et dans ce cas, le cadi ordonnera au wali de la marier, mais si ce dernier refuse, c’est le cadi qui la mariera »22. Par conséquent, vous ne devez porter ni le nom de l’homme qui avait une relation illicite avec votre mère, ni celui de votre grand-père, ni aucun autre nom précis. Recent modifications of personal status and of penal codes in some Muslim countries question fundamental patriarchal ideas and practices about marriage such as bridewealth, conjugal relations, male authority and sexual control of women. Fortier (Corinne), 2010a, « Filiation versus inceste en islam : parenté de lait, adoption, PMA, reconnaissance de paternité. Les signes et symptômes de celui qui est victime de lenvie et de celui qui est touché par le mauvais il ainsi que la manière de soigner ces maux. ), L’argument de la filiation aux fondements des sociétés méditerranéennes et européennes, Paris, MSH (à paraître). Parallèlement à la ratification de conventions internationales inspirées des droits de l’homme, de la femme, et de l’enfant, la référence à la loi islamique (Sharî‛a) demeure essentielle dans les pays musulmans, en tant qu’elle possède un caractère sacré et reste constitutive de leur identité. 30 Le terme de fosterage, dérivé du verbe anglais to foster qui signifie nourrir, a été intégré au lexique anthropologique français faute de traduction adéquate. siècle, l’écrivaine anglaise Lady Montagu observait lors de son voyage en Turquie la condition enviable des femmes ottomanes qui disposaient de leurs biens à la différence des femmes britanniques (Moulin et Chuvin 1981 : 104). Par ailleurs, les nouvelles questions de bioéthique comme la contraception, l’avortement, ou encorele don d’organes, ont amené les juristes musulmans à émettre des avis juridiques (fatâwâ) sur ces questions inédites en puisant leurs réponses dans l’esprit des textes de droit musulman classique. D’autre part, une paternité qui reposerait uniquement sur le biologique sans le social est également impensable puisque l’islam sunnite n’admet pas que le donneur de sperme puisse être considéré comme le père de l’enfant dans la mesure où il n’est pas l’époux de la mère de cet enfant. Partie 3 : la naissance de Jésus et l’importance et le respect que voue l’islam à la vierge Marie, mère de Jésus. Puisque, dans toutes les sociétés traditionnelles, la fille est sous l’autorité de son père, en particulier en ce qui concerne son mariage ; tradition qui se perpétue en France chez certains immigrés qui pratiquent ce qu’on nommedes « mariages forcés ». Tout au long de sa vie, elle va le soigner au détriment de sa propre santé et faire passer la vie de son enfant avant la sienne. 49En effet, lorsqu’on connaît les difficultés et la stigmatisation sociale rencontrées à la fois par l’enfant sans filiation et par sa mère accusée d’adultère, on peut être légitimement amené à se demander si ces réformes juridiques apportent un progrès sur le long terme ou si elles ne vont pas accroître la vulnérabilité des catégories les plus fragiles de la société qui étaient paradoxalement mieux protégées des désordres de la filiation dans le cadre classique du droit musulman. 50C’est par ailleurs le même souci de protection des femmes et des enfants au statut fragilisé, dès lors qu’ils résident en France ou sont de nationalité française, dont font preuve les juges français en cas de polygamie, de répudiation, de reconnaissance de paternité ou d’» adoption » (kafâla), comme le montre Laurence Brunet dans son article qui analyse de façon comparée la réception de ces diverses institutions musulmanes en France. Le peu de praticiens occasionne de longs délais d’attente et de nombreuses femmes se retrouvent alors hors délai légal pour pratiquer l’interruption volontaire de grossesse (IVG) pourtant autorisée par la loi jusqu’à quatorze semaines, et beaucoup doivent partir avorter clandestinement à leurs frais en Espagne. D’autre part, en 1988, le shaykh Muhammad Tantâwî d’al-Azhar, arguant que la définition de la mort était de la compétence des médecins et non des religieux, autorisa les greffes d’organes à partir de donneurs vivants ou décédés avec leur consentement, et la même année la quatrième Conférence des Juristes islamiques réunis à Jeddah défendit la même position et rejeta clairement le commerce d’organes. les réformes récentes du Code de la famille de certains pays musulmans malékites, comme par exemple la nouvelle. 60La dissociation entre paternité sociale et biologique occasionnée par les procréations par don de sperme n’est pas acceptée en islam sunnite. Ajout de nouveaux prénoms : comment ça se passe ? Enjeux de mémoire, Les justices alternatives et leurs avatars, Expertise psychiatrique et sexualité (1850-1930), Mémoires et responsabilités de guerre. Le cou comme la main renvoient tous deux au fait de tenir sous sa coupe, ils évoquent à la fois les idées de possession et de protection. 38Cette procédure « d’adoption » en islam permettait à un enfant d’être recueilli par une famille, sans toutefoispouvoir porter le nom ni hériter de ses adoptants, jusqu’à ce que des réformes relativement récentes de certains pays musulmans, comme l’Algérie en 199231, ou le Maroc en 2002, analysées par Émilie Barraud, acceptent la concordance de nom entre l’enfant adopté (kafîl) et l’adoptant (makfûl) afin d’effacer le stigmate de l’illégitimité de l’enfant, sans lui permettre pour autant d’hériter de l’adoptant et donc d’accéder à une filiation pleine et entière ainsi que l’autorise l’adoption plénière telle qu’elle existe dans un pays musulman comme la Tunisie depuis 1958, ou en Turquie depuis 2004. Le lien opéré par l’esprit entre paternité sociale et paternité biologique est d’ordre déductif : parce qu’un homme est reconnu comme le père social de l’enfant suite à son union conjugale avec la mère, on en déduit qu’il en est aussi le père biologique. Dans le cas d’une naissance « naturelle », en effet, l’inadéquation entre les deux filiations peut être réelle, mais elle ne peut être prouvée, ou très difficilement, la présomption de paternité présupposant d’emblée que les deux typesde filiation se confondent. 35Concernant l’articulation entre filiation et substances biologiques, l’analyse de textes juridiques, théologiques et médicaux arabo-islamiques26nous a montré que la filiation ne passait pas nécessairement par le sang alors même qu’on a tendance à le penser habituellement en parlant d’une idéologie du sang dans le monde arabo-musulman. D’une part, des procédures juridiques musulmanes prennent en compte certaines situations difficiles rencontrées par les femmes, notamment cellesqui les protègent de l’accusation d’adultère et qui garantissent une filiation à leur enfant, ainsi que nous le montrerons dans la suite de cet article. Chez les musulmans, le deuil des membres de la famille dure pendant 3 jours. Dieu, le Très Haut, a parlé des peines de la mère beaucoup plus que celles du père : « Et nous avons enjoint à l’homme la bienfaisance envers ses parents. 1 Dans un souci d’homogénéiser la translittération des mots arabes des différents articles de ce volume, le souligné a été substitué au point habituel sous certaines lettres comme le h aspiré et les emphatiques (d, s, t, z). de Régis Blachère, Paris, Maisonneuve et Larose. Enfin, le droit musulman intègre la coutume (‘urf) comme source du droit, ce qui autorise une certaine spécificité juridiquepropre à chaque société. Une disposition juridique de l’islam shiite, qui n’existe pas comme telle dans le sunnisme, permet de contourner l’adultère qu’implique le don d’ovocyte. Par Rafaële Rivais (Blog SOS conso) Publié le 07 juin 2018 à 13h58 - Mis à jour le 04 septembre 2019 à 17h35. Le don de rein, en particulier, est pratiqué depuis longtemps dans nombre de pays musulmans, en Iran en 1967, au Liban en 1972, au Soudan en 1974, en Turquie et en Malaisie en 1975, en Égypte en 1976, en Indonésie en 1977, au Pakistan en 1979, dans les pays du Golfe en 1979, et au petit Maghreb en 1986. 2 Au sujet d’un certain pragmatisme en islam, voir Corinne Fortier (2003, 157). Par analogie (qiyâs), le préservatif est admis par la plupart des juristes musulmans dans le cadre du mariage.
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